Si les mots ont un sens, on mesure ce qu’une « raison d’être » peut avoir de structurant et d’essentiel pour une organisation. Mais pour savoir « ce pour quoi on se lève le matin », encore faut-il que l’expression de cette raison d’être ait le souffle et la capacité projective nécessaires.
Or la saison des raisons d’être est désormais suffisamment lancée, les entreprises saisissant l’opportunité créée par la loi Pacte, pour dresser un premier bilan.
Certains ont atteint leur objectif ; inspirante, leur raison d’être pourra constituer ce ciment identitaire, cette boussole de la stratégie, ce levier de transformation – pour soi et pour son environnement – que l’on doit en attendre. Mais nombreuses sont celles qui montrent d’emblée leurs limites. Deux raisons principales, étroitement corrélées, peuvent l’expliquer : avoir voulu tout dire et avoir voulu satisfaire tout le monde.
Or ces écueils tiennent largement de la méthode. Il faut trouver un équilibre entre participation et direction, et accepter l’idée que participation ne soit pas nécessairement synonyme de consensus. Certes, la définition de la raison d’être est une opportunité de participation large et de rassemblement pour les acteurs d’une entreprise. C’est naturel dès lors qu’écrire sa Raison d’être consiste à dessiner un destin commun. Mais il ne faut pas s’abriter derrière le principe pour se dédouaner de faire des choix. On mesure les limites d’une participation sacralisée dont on déduirait que toute contribution ou proposition vaut l’autre. Ainsi, il faut structurer la participation pour en faire une mécanique créatrice d’élan et poser clairement les règles du jeu pour éviter un éventuel effet de déception. La participation est clé, mais elle n’est pas sainte. Sur un autre registre, la convention pour le climat montre les difficultés qui naissent dès que les participants se croient apôtres.
Avant et après la participation, il y a le groupe projet. Là encore, s’il doit être représentatif des fonctions et métiers de l’entreprise, il doit éviter le même écueil du consensus mou. Un pilote s’impose, qui aura l’autorité de réguler les débats et de faire avancer les discussions. Car sinon, on se hasarde à vouloir tout dire, au double risque de perdre de vue l’essentiel et de ne satisfaire personne.
Définir sa raison d’être est une opportunité : il ne faut pas laisser la méthode accoucher d’une souris, et se doter des garde-fous qui permettront de donner aux mots la force d’entraînement et d’inspiration que l’on en attend. Viser la participation la plus large est salutaire, mais savoir s’en affranchir par des règles claires est nécessaire. La démocratie est un régime complexe, fait d’équilibre, de compromis et de choix : à l’échelle d’une entreprise, la raison d’être en est l’un des meilleurs exercices.
Raison d’être, comment éviter l’eau tiède ?
Si les mots ont un sens, on mesure ce qu’une « raison d’être » peut avoir de structurant et d’essentiel pour une organisation. Mais pour savoir « ce pour quoi on se lève le matin », encore faut-il que l’expression de cette raison d’être ait le souffle et la capacité projective nécessaires.
Or la saison des raisons d’être est désormais suffisamment lancée, les entreprises saisissant l’opportunité créée par la loi Pacte, pour dresser un premier bilan.
Certains ont atteint leur objectif ; inspirante, leur raison d’être pourra constituer ce ciment identitaire, cette boussole de la stratégie, ce levier de transformation – pour soi et pour son environnement – que l’on doit en attendre. Mais nombreuses sont celles qui montrent d’emblée leurs limites. Deux raisons principales, étroitement corrélées, peuvent l’expliquer : avoir voulu tout dire et avoir voulu satisfaire tout le monde.
Or ces écueils tiennent largement de la méthode. Il faut trouver un équilibre entre participation et direction, et accepter l’idée que participation ne soit pas nécessairement synonyme de consensus. Certes, la définition de la raison d’être est une opportunité de participation large et de rassemblement pour les acteurs d’une entreprise. C’est naturel dès lors qu’écrire sa Raison d’être consiste à dessiner un destin commun. Mais il ne faut pas s’abriter derrière le principe pour se dédouaner de faire des choix. On mesure les limites d’une participation sacralisée dont on déduirait que toute contribution ou proposition vaut l’autre. Ainsi, il faut structurer la participation pour en faire une mécanique créatrice d’élan et poser clairement les règles du jeu pour éviter un éventuel effet de déception. La participation est clé, mais elle n’est pas sainte. Sur un autre registre, la convention pour le climat montre les difficultés qui naissent dès que les participants se croient apôtres.
Avant et après la participation, il y a le groupe projet. Là encore, s’il doit être représentatif des fonctions et métiers de l’entreprise, il doit éviter le même écueil du consensus mou. Un pilote s’impose, qui aura l’autorité de réguler les débats et de faire avancer les discussions. Car sinon, on se hasarde à vouloir tout dire, au double risque de perdre de vue l’essentiel et de ne satisfaire personne.
Définir sa raison d’être est une opportunité : il ne faut pas laisser la méthode accoucher d’une souris, et se doter des garde-fous qui permettront de donner aux mots la force d’entraînement et d’inspiration que l’on en attend. Viser la participation la plus large est salutaire, mais savoir s’en affranchir par des règles claires est nécessaire. La démocratie est un régime complexe, fait d’équilibre, de compromis et de choix : à l’échelle d’une entreprise, la raison d’être en est l’un des meilleurs exercices.